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Les langues de lecture dans la Hongrie moderne (1526-milieu du XVIIIe siècle)

István MONOK

Directeur général de la Bibliothèque nationale de Hongrie, professeur à l’université de Szeged

NdlR.: Le texte de cet article a été revu par Juliette Guilbaud, docteur de l’EPHE

D’après les spécialistes, la littérature hongroise ancienne serait une littérature manuscrite, en tout état de cause jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, voire à certains égards au XIXe. L’objet des recherches en histoire littéraire serait donc de découvrir de nouveaux témoignages textuels, de les publier et de les analyser. Si quelque 13 000 titres ont été publiés dans le bassin des Carpates au cours de la période considérée (1526-1750), seule une très petite partie en apparaît sporadiquement dans les catalogues et inventaires de livres de cette époque. De plus, le nombre très réduit des exemplaires conservés ne permet guère de tirer de conclusions sur leur diffusion réelle. Le nombre encore plus réduit de textes manuscrits ne nous étonne pas, même si nous connaissons des exemples de manuscrits diffusés à 300 exemplaires au XVIIIe siècle, comme celui de József Benkő sur l’histoire de Mihály Cserei1. La diffusion en est de l’ordre de celle des livres imprimés. Mais où se trouvent les livres publiés en Hongrie, qui les a utilisés, pourquoi les documents n’en signalent-ils pas les lecteurs, notamment s’il s’agit de livres en langue hongroise ?2

UNE SITUATION LINGUISTIQUE COMPLEXE

La situation de la Hongrie au cours de l’humanisme tardif explique la présence de phénomènes souvent difficiles à interpréter du point de vue de l’histoire politique et de la problématique des langues nationales. La Hongrie comme entité autonome avait alors disparu, le pays étant divisé en trois parties : à l’Ouest, le royaume de Hongrie avec la Croatie comme royaume associé (regnum associatum), partie des États des Habsbourg ; au centre, dans la grande plaine du Danube, le territoire occupé par les Ottomans ; à l’Est, la Transylvanie3. Pour autant, l’idée d’un ensemble unitaire, la Hungaria, subsistait : si la Hungaria ne peut se définir en tant que pays des Hongrois, mais aussi de plusieurs autres ethnies, elle présente en revanche une image cohérente du point de vue de l’histoire de la langue et de l’écriture. La langue officielle est le latin sur les territoires du royaume de Hongrie, et elle le restera jusqu’en 1844. En Transylvanie, État vassal de l’empire turc, la langue officielle était le hongrois, en principe à partir du moment où la Transylvanie s’est séparée de la Hongrie, en pratique à partir de la mort de la reine Isabelle (1566), veuve du prince János Szapolyai.

Mais les villes royales libres et le peuple des Saxons (Universitas Saxonum) de Transylvanie4 géraient leurs affaires intérieures en allemand, leur langue maternelle. Donc, si une ville saxonne de Transylvanie voulait s’adresser au roi pour une affaire officielle, elle le faisait en hongrois, et son député parlait hongrois à la diète. De même, si une famille roumaine entrait dans la noblesse de Transylvanie, il lui fallait connaître le hongrois, langue des relations sociales et des affaires officielles – un fait qui a beaucoup influencé les familles roumaines de statut élevé, et qui explique la lenteur de développement du roumain comme langue écrite en Transylvanie. En Hongrie royale au contraire, si les villes utilisaient généralement aussi l’allemand pour leurs affaires juridiques et adminisratives, elles devaient s’adresser au palatin (le représentant de l’empereur) en latin, et leurs député devaient parler latin à la diète. Du coup, une famille slovaque, ruthène ou autre intégrée dans la noblesse hongroise utilisera elle aussi le latin pour ses affaires officielles. Le slovaque et le hongrois restent les langues de la vie familiale et, pour une part, de la vie ecclésiastique.

Le latin, langue officielle employée par les institutions hongroises pour communiquer avec la cour et avec les organes de l’empire, se charge d’une fonction identitaire pour les Hongrois qui veulent résister aux tendances favorables à l’allemand développées par la cour des Habsbourg à partir de la première moitié du XVIIe siècle. Inversement, le latin est aussi une arme pour les Habsbourg, lorsqu’il s’agit de conserver certaines formes d’organisation à l’encontre des velléités d’autonomie hongroise – le fait d’empêcher la création d’une province jésuite hongroise en est un bon exemple. La cour de Transylvanie conserve le latin dans ses relations avec les organes officiels hongrois, bien que les réunions officielles et la correspondance entre les hommes politiques préparant les décisions se fassent en hongrois. La langue latine a donc gardé une importante place dans tous les domaines, à tel point que, nous le verrons, elle a profondément influencé l’histoire de la réception en Hongrie des mouvements intellectuels européens et contribué au fait que, à la fin du XVIIe, et surtout tout au long du XVIIIe siècle, le niveau de connaissance des lecteurs y devient de plus en plus archaïque.

LE LATIN ET LES LANGUES VERNACULAIRES : ANALYSE DE LA PRODUCTION5

Si nous en venons à la problématique des rapports entre latin et langues nationales du point de vue de l’histoire de la lecture, la typologie des sources se révèle décisive : nous avons d’une part les titres publiés dans le bassin des Carpates et de l’autre, les sources d’archives relatives à la propriété de livres et à leur lecture6. Csaba Csapodi a fait en 1946 l’analyse statistique de la production de livres en Hongrie, en insistant sur leur répartition par langues. Ses conclusions restent valables, même si depuis soixante ans la bibliographie nationale s’est considérablement enrichie7. Une première remarque porte sur le fait que la place des publications en allemand est restée longtemps secondaire par rapport à celles en hongrois et bien sûr en latin.

Par exemple, en 1580, les trois quarts des livres publiés en Hongrie sont en hongrois, et 5% en allemand ; ces pourcentages sont de 43% contre 14% en 1690, puis de 20% contre 10% en 1730. À partir des années 1700, les proportions du hongrois et de l’allemand se rapprochent donc sensiblement. Mais c’est le latin qui domine toujours8 : 54% des titres en latin en 1570 (mais 20% seulement en 1580), 66% en 1730 (20% en hongrois) et 68% en 1740. Le retournement ne se produira de manière définitive qu’à partir de 1795. Cette domination du latin ne s’explique pas seulement par le statut de langue officielle, mais aussi par des phénomènes conjoncturels : après le départ des Turcs, pratiquement toutes les communautés monastiques reconstituées ont dû faire appel pour se rétablir à des membres de différentes origines et utilisant des langues différentes. La langue scientifique, celle de la réf lexion et de la littérature ascétique était le latin. Même si une œuvre théologique célèbre ou un recueil de sermons n’était pas rédigé en latin, leur traduction latine était publiée pour les monastères hongrois ; ou à l’inverse, il était écrit en latin pour certaines maisons conventuelles du pays, puis éventuellement traduit et publié en allemand, en italien ou dans une autre langue.

Katalin Péter et Kálmán Benda ont étudié la place de la langue hongroise dans la production de livres (donc dans la lecture), d’après des sources documentaires plus larges9 : ils ont considéré les publications en hongrois faites dans toute l’Europe, et celles faites dans n’importe quelle langue mais dans le bassin des Carpates entre 1529 et 1635. Pour Katalin Péter, jusqu’à la fin du XVIe siècle, le pays était pratiquement à jour en ce qui concerne la réception des mouvements intellectuels européens. Le dernier tiers du siècle y voit le développement d’une sécularisation accentuée. Sur le plan thématique, les belles-lettres représentent alors une partie importante des publications (140 titres sur 605 entre 1571 et 1600, dont une centaine de titres en hongrois). Environ les deux tiers des titres qui relèvent du domaine de la religion sont aussi en langue vernaculaire (hongrois, allemand, slovaque et roumain). Mais, à partir du tournant du XVIIe siècle, le rééquilibrage se fait dans le contenu des livres, avec un retour à la théologie. À titre de comparaison, considérons que, de 1601 à 1635, on ne relève que 41 titres de belles-lettres sur 692, et qu’une quinzaine à peine de ces titres est en hongrois. Parallèlement, la proportion des titres publiés en langue maternelle évolue considérablement par rapport au total : 35,6%, entre 1529 et 1570, puis 62,4% entre 1571 et 1600, mais 51,5% entre 1601 et 1635 – il faut rappeler toutefois la place importante des calendriers en hongrois dans ces résultats : les publications en hongrois ne représentent pas toujours une littérature que l’on pourrait dire de qualité.

L’APPORT DES SOURCES D’ARCHIVES

Voyons maintenant combien ce tableau obtenu par l’étude de bibliographie rétrospective est précisé ou déplacé par l’apport des sources d’archives, notamment des inventaires après décès. La première et la plus importante conclusion est qu’en observant l’usage de livres (achat, possession, lecture), l’image de la culture livresque dans le bassin des Carpates n’est pas si indigente qu’on pourrait le penser d’après la statistique de la production. De plus, les titres de livres figurant dans les catalogues de bibliothèques de l’époque considérée (1529-1750) et les livres publiés parallèlement dans la région constituent des ensembles complémentaires.

Les publications hongroises sont moins chères que celles venant de l’étranger : les opuscules populaires en hongrois (ou plus généralement dans une langue vernaculaire), les récits versifiés, les manuels pour la pratique religieuse quotidienne ainsi que les calendriers ne figurent pas ou très rarement dans les inventaires de succession. Le nombre des titres en roumain, en croate, en slovène ou en slovaque est infime10 et ils sont à peine cités dans les catalogues de l’époque. Certes, nous connaissons les inventaires de quelques collections dont le propriétaire était pasteur ou bourgeois de langue slovaque dans la deuxième moitié du XVIIe siècle ou au début du XVIIIe, mais la proportion des livres en slovaque varie entre 0,5 et 3%, et ne dépasse nulle part 5%. Et seuls trois inventaires de bibliothèques privées de Transylvanie mentionnent des livres en roumain : l’un est celui de l’évêque orthodoxe Szava Brankovics ; l’autre, celui de l’humaniste Michael Halicius, auteur du premier dictionnaire latin-roumain ; et le troisième, celui d’István Rácz (Stefan Raciu), un petit noble d’origine roumaine11.

La proportion des titres allemands (par rapport au total) publiés en Hongrie est donnée par le tableau ci-dessous12. Ces titres pourtant ne se rencontrent que rarement dans les nombreux inventaires enregistrant les collections de livres de bourgeois germanophones. En fait, le petit nombre de publications en allemand ne doit surprendre personne, même si nous savons que la majorité des imprimeurs du bassin des Carpates était d’origine allemande : l’énorme marché des livres en Allemagne proprement dite pouvait facilement satisfaire les demandes de la région avec des ouvrages fabriqués dans les conditions les meilleures et les plus avantageuses. En Hongrie, c’était plutôt des livres publiés en hongrois, en roumain ou en slovaque qui permettaient d’asseoir les affaires.

1529-16351700-1750
Allemand975%2719,2%
Total des titres1954100%2942100%

Certes, le commerce de livres en Hongrie était quelque peu sous-développé pour l’époque considérée, mais les négociants-bourgeois allemands entretenaient, depuis le Moyen Âge, des relations d’affaires avec les territoires de l’empire. À côté des commerçants itinérants et des étudiants pérégrins, même ceux qui ne s’occupaient pas de librairie pouvaient aider à couvrir la demande hongroise en livres allemands13. Pourtant, la proportion des livres allemands importés dans le bassin des Carpates ne représente que 50% des collections de livres de la bourgeoisie germanophone, et cette proportion change peu entre le XVIe et le XVIIIe siècle, comme l’illustre la statistique de Selmecbánya (Schemnitz, Banská Štiavnica)14. Le fait que toutes les villes anciennement germanophones (XVIe siècle) aient dû accueillir un nombre croissant d’habitants hongrois, roumains, slovaques et d’autres origines explique cette évolution.

XVIe siècleXVIIe siècleXVIIIe siècle
Titres en latin54,8%49,2%57,1%
Titres en allemand38,8%45,3%35%

La répartition des inventaires successoraux par langues conserve, au XVIIIe siècle, des proportions analogues. Par suite, la signification du latin change du tout au tout entre le XVIe et le XVIIIe siècle : au XVIe siècle, la majorité germanophone était assez fortunée pour envoyer les jeunes gens se former dans les universités à l’étranger et pour les accueillir durablement à leur retour. Un groupe significatif d’intellectuels pouvait ainsi se former, et les lectures des bourgeois d’une ville comme Sopron (Hongrie occidentale) étaient à jour par rapport à la réception des grands mouvements des idées en Europe15. Mais à la fin du XVIIe siècle, le français et l’italien font leur apparition comme langues véhiculaires, à côté de l’allemand, et le statut du latin comme langue scientifique se dégrade de plus en plus.

LES SENSIBILITÉS RELIGIEUSES

Les thématiques des livres allemands sont très variées et tous les domaines sont représentés dans les lectures de la bourgeoisie germanophone. Comme les membres des communautés urbaines pratiquaient toutes sortes de métiers, il est logique que les livres techniques en langue vernaculaire soient apparus d’abord dans ce milieu. Il faut aussi insister sur les différences entre les lectures théologiques et celles de la pratique religieuse quotidienne dans les villes allemandes luthériennes – un point qui n’est pas sans conséquences sur le plan des usages linguistiques. En effet, la discussion au sein du mouvement réformé entre les philippistes saxons et les luthériens orthodoxes est reçue de manière spécifique dans les villes allemandes du bassin des Carpates16. Une ville comme Lőcse (Leutschau, Levoča), par exemple, a des relations suivies avec l’université de Wittenberg, et privilégie les théologiens orthodoxes aussi sur le plan de la lecture17. De même, le haut clergé luthérien de Transylvanie était-il informé de ces discussions, même si les inventaires des bourgeois constituant l’assemblée presbytérale présentent une image luthérienne orthodoxe curieusement uniforme18.

Sopron et les villes plus petites (et plus pauvres) préfèrent elles aussi les adeptes purs et durs de Luther, même s’il ne s’agit pas de théologiens de Wittenberg, mais plutôt de Rostock19. Dans les villes où de nombreux Hongrois vivaient à côté des habitants allemands, on observe la tenue d’assemblées hongroises calvinistes manifestant la force des traditions mélanchthoniennes – et les auteurs iréniques de Heidelberg se rencontrent plus souvent dans les bibliothèques. L’influence exceptionnelle de Mélanchthon sur les assemblées hongroises luthériennes et calvinistes procède d’abord d’un fait de langue : le Præceptor Germaniæ donnait ses cours en latin, et les étudiants hongrois ou d’autres nationalités ne maîtrisant pas parfaitement l’allemand suivaient plutôt son enseignement que celui d’autres professeurs. Les philippistes, attachés aux traditions humanistes, utilisaient aussi le latin et publiaient la majorité de leurs livres dans cette langue20. Les courants intellectuels novateurs de la théologie évangélique, comme le piétisme, sont d’abord reçus par le public allemand de Hongrie. Mais à partir de la fin du XVIIe siècle, les églises luthériennes du bassin des Carpates et de Transylvanie se sont enfermées dans une orthodoxie de plus en plus rigide. La raison en tient à la Contre-Réforme catholique soutenue par l’État : en pays luthérien, les responsables de l’Église ou de la communauté urbaine étaient sur la défensive et interprétaient toutes les innovations dans un sens négatif21.

Du côté du public hongrois aussi, les titres disponibles manifestent un retard croissant par rapport aux courants modernes de la pensée européenne, et cela pour des raisons avant tout liées à la langue. On peut au demeurant s’étonner du fait que les livres hongrois n’apparaissent que sporadiquement dans les sources d’archives de l’époque : la réponse selon laquelle ces volumes, très utilisés, avaient perdu toute valeur et n’étaient pas repris dans les inventaires après décès, est sans doute juste, mais insuffisamment nuancée. Il faut en effet tenir compte des conditions mêmes d’établissement des inventaires. La plupart des personnalités assurant le financement des titres en hongrois étaient des nobles ou de riches membres du patriciat urbain – et il est difficile de penser qu’ils ne possédaient pas eux-mêmes au moins un exemplaire de la publication qu’ils avaient payée22. Mais les inventaires de successions de nobles sont généralement établis sous forme de récapitulatifs et ne donnent que la valeur totale des biens. Certaines mentions fréquemment rencontrées, comme « un certain nombre de livres représentant telle valeur » ou « une bibliothèque avec des livres », désignent sans doute des livres en hongrois financés par certains membres de la famille.

Peu de nobles avaient à l’époque un bibliothécaire, généralement un professeur ou un pasteur vivant sur le domaine. Mais, quand le cas se trouve, nous disposons généralement d’un inventaire précis des livres – comme pour la bibliothèque des Thurzó à Biccse (Bytča), ou pour celle des Batthyány à Németújvár (Güssing), etc.23. La situation s’améliore dans la seconde moitié du XVIIe siècle : la proportion des livres en hongrois et des livres édités en Hongrie augmente aussi dans les catalogues des bibliothèques privées – par exemple chez les Rákóczi à Sárospatak, chez les Bethlen à Keresd (Kreisch, Criş) ou chez les Teleki à Gernyeszeg (Kertzing, Gorneşti), etc.24. Au début du XVIIIe siècle apparaissent des bibliothèques de femmes, comme celle de Kata Bethlen à Olthévíz (Calida Aqua, Warmwasser, Heviză). Les livres en langue vernaculaire étaient lus en Hongrie surtout par les femmes, chez lesquelles la connaissance du latin était moins fréquente25.

Dans les villes du bassin des Carpates, l’instruction était le plus souvent confiée à des enseignants germanophones. L’administration municipale des villes allemandes y était établie et conduite exactement comme pour les villes de l’Empire mais, dans les villes où la majorité était hongroise, la pratique était moins aboutie, à l’instar des inventaires de successions – ce qui explique que les publications en hongrois ne figurent généralement pas dans les sources. Les bibliothèques d’enseignants ou de pasteurs sont dans une meilleure situation du point de vue archivistique, parce que dans la plupart des cas, la documentation ne provient pas de l’enregistrement des successions. Ce sont plutôt des notes prises par les propriétaires des livres, qui nous informent sur les achats, les commandes de reliure, les prêts et les lectures elles-mêmes. Certains exemples de la fin du XVIIe siècle constituent même des sommaires des livres à lire, ou de brèves notes de lecture.

UNE CHRONOLOGIE DIFFÉRENCIÉE POUR LA LANGUE VERNACULAIRE

Les années 1580-1640 sont très importantes pour l’histoire de la langue hongroise et de sa pratique : il est probable que le sentiment d’unité n’a jamais été aussi fort qu’alors, entre les intellectuels hongrois de Hongrie royale et de Transylvanie. Les courants les plus populaires à l’époque étaient ceux du nouveau stoïcisme chrétien, de l’irénisme de Heidelberg et de la réf lexion sur les projets d’unio Christiana pour chasser les Turcs d’Europe. La Bible protestante hongroise complète est publiée en 1590, la Bible catholique, en 162326. Les deux principaux auteurs du tournant du siècle, János Baranyai Decsi (1560-1601) et Albert Szenci Molnár (1574-1634) touchent pratiquement toutes les questions majeures : la préparation d’une grammaire hongroise, d’un dictionnaire et d’un recueil de proverbes, la systématisation du droit et la rédaction de l’histoire de la Hongrie27. Dans la préface de sa traduction de Salluste, Baranyai Decsi lance un programme humaniste tardif de traductions en indiquant le cercle des classiques antiques à traduire en hongrois28. Szenci Molnár traduit en hongrois plusieurs œuvres de Scultetus, le Discursus de summo bono de Ziegler29 et surtout l’Institutio de Calvin30, laquelle est, pour les historiens de la langue, aussi importante pour le développement de la langue littéraire hongroise que la traduction de la Bible de Luther chez les Allemands. Le Miroir du roi Jacques Ier31, la biographie fictive de Marc-Aurèle écrite par Antonio Guevara32, les principales œuvres de Juste Lipse33 et le petit manuel d’Épictète ont été publiés en hongrois à la même époque34, de même que les premières œuvres importantes de l’irénisme hongrois et de la réf lexion de théorie politique dans l’esprit du néo-stoïcisme35. On peut réellement dire que l’espace hongrois du tournant de siècle a rapidement suivi les courants intellectuels européens de l’époque.

De la réception, nous passons à la création originale, alors largement présente. Le programme culturel de Gábor Bethlen (prince de 1618 à 1629) et de György Ier Rákóczi (prince de 1631 à 1648) a placé les œuvres de Szenci Molnár et de Baranyai Decsi au centre d’une conception politico-culturelle cohérente et pratiquement officielle. La cour de Transylvanie à Gyulafehérvár (Weißenburg, Alba Iulia), la capitale36 à l’époque de ces deux souverains, a cherché à établir et à développer dans le pays une culture de langue hongroise – ce que confirment les études statistiques de Csapodi, qui montrent comment, entre 1572 et 1645, la proportion des livres en hongrois est supérieure à celle des livres en latin. La conjoncture change après la disparition de György Ier Rákóczi, quand la Transylvanie n’a plus les moyens de conduire avec autant d’énergie une politique culturelle centralisée autour de la cour royale. De plus, la majorité des nobles entretenant une petite cour seigneuriale concentre alors son aide d’abord sur le domaine religieux, tandis que les Églises luthériennes renforcent leur orthodoxie face à la poussé de la Contre-Réforme catholique. Après 1650, le temps est plutôt à la lecture et à la relecture de titres à caractère religieux et de ceux de l’« âge d’or » de la Transylvanie, la période de Bethlen et de Rákóczi : Guevara et Juste Lipse seront encore traduits en Hongrie au début du XIXe siècle.

En Hongrie royale, la couche aristocratique revenue au catholicisme a soutenu un autre type de culture, qui transmettait les valeurs impériales mais était en majeure partie non hongroise. Le latin conserve sa place, aussi parce qu’il constitue la langue officielle du pays. La proportion de titres en latin augmente même encore dans la seconde partie du XVIIe siècle, si l’on se réfère aux lectures des pasteurs protestants, des professeurs, des juristes et des nobles. Mais désormais, ces titres ne sont plus représentatifs du courant des nouveautés européennes : bien au contraire, ce sont souvent des œuvres d’auteurs (théologiens, philosophes, etc.) en vogue deux ou trois générations auparavant. Les volumes sont importés en Hongrie par des étudiants pérégrins aux moyens modestes, qui se les étaient procurés à moindre coût en Europe occidentale. Par suite, à l’Ouest, le décalage chronologique entre les lectures savantes hongroises et le mouvement général des idées se fait de plus en plus sensible, même si des exceptions se rencontrent – avec les bibliothèques de Miklós Zrínyi, de Péter Pázmány, ou encore de Pál Esterházy37. Globalement, c’est la proportion élevée de titres en latin dans les collections de livres de la Hongrie royale qui explique l’archaïsme de plus en plus sensible de celles-ci.

Les changements d’usage des langues dans le bassin des Carpates ont été décisifs pour l’histoire de la Hongrie dans son ensemble. Le fait que le hongrois n’ait été langue officielle qu’en Transylvanie (c’est-à-dire seulement dans une partie du royaume médiéval hongrois) a ralenti considérablement l’essor de la langue hongroise dans la littérature et l’administration, ainsi que sa codification systématique. Ce n’est qu’en Transylvanie que la langue a pu faire office de moteur pour une réelle assimilation. L’État hongrois n’a jamais empêché l’usage de la langue vernaculaire chez les groupes ethniques vivant dans le royaume de Hongrie avant le compromis austro-hongrois de 1867. Il garantissait en outre le fonctionnement des institutions (églises, écoles etc.) pour tout le monde dans l’ensemble du royaume. Néanmoins, la langue officielle restait le latin, et la langue maternelle de l’empereur était l’allemand. En Europe centrale, l’essor de la langue littéraire, l’assimilation des groupes ethniques ne se sont donc pas passées comme en France ou dans les autres royaumes d’Europe occidentale. La formation des États-nations y a connu un retard de deux siècles et demi, voire de trois siècles, provoquant de fortes tensions pratiquement jusqu’à aujourd’hui (ce qu’illustre l’histoire récente de la Yougoslavie). C’est pourquoi on ne saurait trop recommander à ceux qui se destinent à une carrière politique une lecture approfondie de l’historiographie européenne…

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1 Zsolt Baricz, «Kéziratos könyvkiadás Erdélyben. Az erdélyi emlékírás és a 17-18. századi kéziratosság» [L’édition sous forme manuscrite en Transylvanie. Les mémoires littéraires en Transylvanie aux XVIIe-XVIIIe siècles], dans Iskolakultúra, n° 1, 1998, pp. 89-95.

2 István Monok, « Lectures et lecteurs en Hongrie. Quelques aspects d’une histoire originale », dans HCL, 1, 2005, pp. 267-276.

3 Histoire de la Transylvanie, dir. Béla Köpeczi, Budapest, 1992 ; Christian Rother, Siebenbürgen und der Buchdruck im 16. Jahrhundert ; mit einer Bibliographie « Siebenbürgen und der Buchdruck » ; mit einer Geleitwort von P[eter] Vodosek, Wiesbaden, 2002.

4 Gustav Gündisch, Aus Geschichte und Kultur der Siebenbürger Sachsen. Ausgewählte Aufsätze und Berichte, Köln, Wien, 1987.

5 La bibliographie nationale rétrospective en Hongrie utilise les abréviations suivantes : RMK I: Károly Szabó, Régi Magyar Könyvtár I. kötet. Az 1531-től 1711-ig megjelent magyar nyelvu˝ hazai nyomtatványok könyvészeti kézikönyve [Bibliothèque hongroise ancienne I. Bibliographie des livres publiés en Hongrie en langue hongroise entre 1531 et 1700], Budapest, 1879 ; RMK II : K. Szabó, Régi Magyar Könyvtár II-dik kötet. Az 1473-tól 1711-ig megjelent nem magyar nyelvu˝ hazai nyomtatványok könyvészeti kézikönyve [Bibliothèque hongroise ancienne II. Bibliographie des livres publiés en Hongrie en langue non hongroise entre 1473 et 1700], Budapest, 1885 ; RMNy : Régi Magyarországi Nyomtatványok, 1473-1600 [Imprimés anciens de Hongrie, 1473-1600], éd. Gedeon Borsa et alii, Budapest, 1971 ; Régi Magyarországi Nyomtatványok, 1601-1635 [Imprimés anciens de Hongrie, 1601-1635], éd. G. Borsa et alii, Budapest, 1983 ; Régi Magyarországi Nyomtatványok, 1636-1655 [Imprimés anciens de Hongrie, 1636-1655, éd. János Heltai et alii, Budapest, 2000. ; PETRIK : Géza Petrik, Magyarország bibliographiája, 1712-1860 [Bibliographie de la Hongrie, 1712-1860], Budapest, 1888-1892, 6 vol. ; PETRIK pótlás VII. [Supplementa] : Magyarország bibliographiája 1712-1860. VII. kötet. Pótlások Petrik Géza “Magyarország bibliographiája 1712-1860.” címu˝ mu˝véhez. 1701-1800 között megjelent magyarországi (és külföldi magyar nyelvű) nyomtatványok [Bibliographie de la Hongrie, 1712-1860, vol. VII. Supplément aux travaux de G. Petrik. Imprimés en hongrois publiés entre 1701 et 1800, en Hongrie et à l’extérieur de la Hongrie], éd. L. Bayer et alii, Budapest, 1989 ; PETRIK pótlás VIII. [Supplementa] : Magyarország bibliographiája 1712-1860. VIII. kötet. Függelék. Hazai 18. századi színlapok, gyászjelentések és szentképek bibliográfiája. Nyomdaés kiadástörténeti mutató az 1701-1800 között megjelent magyarországi (és külföldi magyar nyelvu˝) nyomtatványokhoz [Bibliographie de la Hongrie, 1712-1860, vol. VIII. Annexes. Bibliographie des affiches de théâtre, des faire-part et des images de dévotion. Index sur l’histoire de l’imprimerie et de l’édition pour les imprimés hongrois publiés entre 1701 et 1800, en Hongrie et à l’extérieur de la Hongrie], éd. G. Borsa et alii, Budapest, 1989.

6 Katalin Keveházi, « Aufarbeitung und Publikation von ungarischen Bücherverzeichnissen aus der Zeit vom XVI. bis XVIII. Jahrhundert », dans Wolfenbütteler Notizen zur Buchgeschichte, n° 10, 1985, pp. 68-77 ; I. Monok, « Vingt ans de recherche sur la culture du livre dans le bassin des Carpates », dans RFHL, nos 110-113, 2001, pp. 199-222 ; http://www.eruditio.hu.

7 Csaba Csapodi, « A magyarországi nyomtatványok nyelvi megoszlása 1800-ig » [La répartition linguistique de la production du livre en Hongrie jusqu’en 1800], dans Magyar Könyvszemle, n° 70, 1946, pp. 98-104.

8 Sauf pendant les années 1572-1645 et 1688-1692 (sans doute par hasard, pour cette dernière période).

9 Katalin Péter, « Aranykor és romlás a szellemi műveltség állapotaiban » [Âge d’or et décadence dans l’histoire de la civilisation en Hongrie], dans Történelmi Szemle, n° 7, 1964, pp. 80-102, rééd. dans K. Péter, Papok és nemesek. Magyar művelődéstörténeti tanulmányok a reformációval kezdődő másfél évszázadból [Pasteurs et nobles. Mélanges sur l’histoire de la culture en Hongrie pendant cent cinquante ans après la Réforme], Budapest, 1995, pp. 77-97 et 238-243 ; Kálmán Benda, « A magyar nyelvu˝ irodalom kezdetei Erdélyben » [Les débuts de la littérature hongroise en Transylvanie], dans Confessio, n° 12, 1988, pp. 9-12.

10 Entre 1471 et 1600 (sur 869 titres) : slovène (1), croate (2), slovaque (2), roumain (11), allemand (41) ; entre 1601 et 1635 (sur 763 titres) : slovène (0), croate (2), slovaque (3), tchèque (1), romain (0), allemand (70) ; entre 1636 et 1655 (sur 993 titres) : slovène (1), croate (3), slovaque (1), tchèque biblique (84), roumain (7), allemand (108). La situation change peu après 1655, même si nous prenons en considération les publications découvertes depuis les travaux précurseurs de Petrik, Szabó et Csapodi (chiffre de la production du livre en Hongrie (1473-1750) connu en 1946 : 8000 ; en 2008 : 13 000).

11 Erdélyi könyvesházak III. 1563-1757. A Bethlen-család és környezete. Az Apafi-család és környezete. A Teleki-család és környezete. Vegyes források. [Les Bibliothèques de Transylvanie III. Les familles Bethlen, Apafi et Teleki et leurs alliés. Sources diverses], éd. István Monok, Noémi Németh, András Varga, Szeged, 1994, pp. 221-222 (Brankovics), 294-216 (Halicius) et 289-291 (Rácz-Raciu).

12 Voir note 10.

13 György Kókay, Geschichte des Buchhandels in Ungarn, Wiesbaden, Harrassowitz, 1990

14 Lesestoffe in Westungarn I. Sopron (Ödenburg), 1535-1721, éd. Tibor Grüll et alii, Szeged, 1994.

15 Magyarországi magánkönyvtárak III. Bányavárosok olvasmányai, 1533-1750 [Les Bibliothèques privées en Hongrie III. Lectures dans les villes minières, 1533-1750], éd. Viliam Čičaj et alii, Budapest, Szeged, 2003, pp. 287-514.

16 I. Monok, « Lutherische Orthodoxie, sächsischer Philippismus und Irenismus im Lesestoffe des lutherischen Bürgertums in Ungarn », dans Bürgerliche Kultur im Vergleich. Deutschland, die böhmischen Länder und das Karpatenbecken im 16. und 18. Jahrhundert, éd. I. Monok, Péter Ötvös, Szeged, 1998, pp. 71-80.

17 Pour une analyse comparée entre les villes en Haute-Hongrie, voir : I. Monok, « Lesestoffe in Leutschau im Vergleich. XVI.-XVII. Jahrhundert », dans Deutsche Sprache und Kultur in der Zips, éd. Wynfrid Kriegleder et alii, Bremen, 2007, pp. 157-169.

18 Voir les inventaires après décès des villes saxonnes : Bibliotheken in Siebenbürgen. Lesestoffe der siebenbürgen Sachsen, 1575-1750, éd. I. Monok et alii, Budapest, 2004.

19 I. Monok, « Ähnlichkeiten und Unterschiede im Buchbesitz der Stadtbürger von Rust, Güns und Ödenburg im 17. Jahrhundert », dans Burgenländische Heimatblätter, n° 57, 1995, pp. 174-185.

20 András Szabó, « Ungarische Studenten in Wittenberg, 1555-1592 », dans Iter Germanicum. Deutschland und die reformierte Kirche in Ungarn im 16-17. Jahrhundert, éd. A. Szabó, Budapest, 1999, pp. 154-168. ; K. Keveházi, « Melanchthon-Autographen im historischen Ungarn », dans Magyar Könyvszemle, n° 99, 2002, pp. 153-165 ; A. Szabó, « Die Universität Wittenberg als zentraler Studienort im 16. Jahrhundert », dans Peregrinatio Hungarica. Studenten aus Ungarn an deutschen und österreichischen Hochschulen wom 16. bis zum 20. Jahrhundert, éd. Márta Fata et alii, Stuttgart, 2006, pp. 39-54.

21 La nature confessionnelles des publications religieuses et le public qu’elles visent influencent non seulement la langue de publication des ouvrages, mais aussi, au moins au XVIe siècle, le type de fontes utilisées pour leur impression : Juliette Guilbaud, « Drôles de caractères… De la codification typographique du hongrois (XVIe-XVIIe siècles) », dans Codification, éd. Collège doctoral européen, Paris-Dresde, Paris, 2007 (diff. Genève, Droz), pp. 73-85.

22 Du fait de la faiblesse des structures professionnelles, une grande partie des titres publiés ne peuvent l’être, du moins jusqu’au premier tiers du XVIIIe siècle, que grâce à l’appui financier de tel ou tel grand personnage, notamment noble.

23 I. Monok, « Qu’est-ce qu’un bibliothécaire en Hongrie à l’époque moderne ? », dans HCL, 3, 2007, pp. 319-328.

24 Voir la note 11 et I. Monok, A Rákóczi-család könyvtárai-Bibliotheken der Familie-Rákóczi, 1588-1660, Szeged, 1996.

25 Melinda Simon, Ágnes Szabó, Bethlen Kata könyvtárának rekonstrukciója [La Reconstruction de la bibliothèque de Kata Bethlen], Szeged, 1997.

26 Pour un tableau complet de l’histoire de la traduction de la Bible dans le bassin des Carpates, voir : I. Monok, Edina Zvara, Humanistes du bassin de Carpates I. Traducteurs et éditeurs de la Bible, Turnhout, 2008.

27 Bibliographie complète dans: Igniculum sapientiæ. János-Baranyai-Decsi-Festschrift. éd. Gábor Barna et alii, Budapest, 2004 ; Dictionarium 1604. Das Wörterbuch von Albert Molnár, éd. A. Szabó, Budapest, 2007.

28 Az Caivs Crispvs Salvstivsnak ket historiaia… [Les Deux Histoires de Salluste…], trad. János Baranyai Decsi, Szeben, 1596 (RMNy 786).

29 Discvrsvs de svmmo bono, az leg föb iorol…, trad. Albert Szenci Molnár, Lőcse, 1630 (RMNy 1483).

30 Az Keresztyeni religiora es igaz hitre valo tanitas…, trad. Albert Szenci Molnár, Hanovia, 1624 (RMNy 1308).

31 Baszilikon dóron. Az angliai, scotiai franciai es hiberniai elsö Jacob kiralynac…, trad. György Szepsi Korotz, Oppenhemium, 1612 (RMNy 1038).

32 Horologii principvm, az az az feiedelmek oraianak masodik könyve…, trad. János Draskovich, Grecz, 1610 (RMNy 994) ; Feiedelmeknec serkentö oraia, az az Marcvs Avrelivs csaszarnac eleteröl az hires Gvevarai Antaltol…, trad. János Draskovich, András Prágai, Bartfa, 1628, (RMNy 1400).

33 Justus Lipsiusnak a polgari tarsasagnak tudomanyárol irt hat könyvei…, trad. János Laskai, Bartfa, 1641 (RMNy 1867) ; Iustus Lipsiusnak az alhatatossagrol irt ket könyvei…, trad. J. Laskai, Debreczen, 1641 (RMNy 1876).

34 La traduction d’Épictète par János Laskai est restée manuscrite : voir Bálint Keseru˝, « Epiktétosz magyarul a XVII. század elején » [Épictète en hongrois au début du XVIIe siècle], dans Acta historiæ litterarum Hungaricarum. Acta Universitatis Szegediensis, n° 8, 1969, pp. 3-16.

35 Piroska Uray, « Az irénizmus Magyarországon a 16-17. század fordulóján » [L’irénisme en Hongrie au tournant des XVIe et XVIIe siècles], dans Irodalom és ideológia a 16-17. században [Littérature et idéologie aux XVIe-XVIIe siècles] éd. Béla Varjas, Budapest, 1987, pp. 187-208.

36 Judit Ecsedy, « Újabb adatok a gyulafehérvári nyomda történetéhez » [Nouvelles données sur l’histoire de l’imprimerie à Gyulafehérvár], dans Magyar Könyvszemle, n° 88, 1991, pp. 41-61. ; id., « A gyulafehérvári fejedelmi nyomda második korszaka és utóélete » [La deuxième période de l’histoire de l’imprimerie princière de Gyulafehérvár et sa fortune], dans Az OSZK Évkönyve [Almanach de l’OSZK], Budapest, 1978, pp. 291-341 ; id., « Cirill betűs nyomtatás a 17. századi Erdélyben » [L’impression en cyrillique en Transylvanie au XVIIe siècle], dans Magyar Könyvszemle, n° 88, 1991, pp. 155-176 ; Eva Mârza, Din istoria tiparului românesc. Tipografia de la Alba Julia, 1577-1702, Sibiu, 1998.

37 A Bibliotheca Zriniana története és állománya-History and Stock of the Bibliotheca Zriniana, dir. Tibor Klaniczay, Budapest, 1991 ; István Bitskey, Humanista erudíció és barokk világkép. Pázmány Péter prédikációi [Érudition humaniste et culture baroque. La prédication de Péter Pázmány], Budapest, 1979 ; Stefan Körner, « Die Bibliotheca Esterházyana in Eisenstadt und Forchtenstein », dans Blaues Blut und Druckerschwärze. Aristokratische Büchersammlungen von 1500 bis 1700, éd. S. Körner, Jacob Perschy, Eisenstadt, 2006, pp. 110-147.